Si le moral des individus a été mis à rude épreuve après plus d’un an passé en confinement et en télétravail, certains quittent avec regret et angoisse ces longues semaines de quarantaine et de retrait social. Invraisemblable ? Pas vraiment…
Cela peut paraître étonnant, mais le états d’esprits et les réactions divergent devant la liberté retrouvée. Alors que certains poussent un soupir de soulagement à l’idée de pouvoir à nouveau être ensemble, d’autres, qui avaient rebâti des habitudes et reconstitué un univers quotidien dénué d’obligations, éprouvent actuellement les pires difficultés à sortir et à reprendre une vie sociale normale… Ces ‘heureux du confinement’ avaient en effet trouvé une forme de confort dans cette situation inédite qui les a mis provisoirement à l’abri des agressions du quotidien.
Inquiétude, appréhensions, insécurité, fatigue et tristesse sont autant de symptômes liés à ce que les spécialistes nomment le ‘syndrome de la cabane’. Caroline, par exemple, s’est rendu compte qu’elle avait perdu tout plaisir à fréquenter son cercle social. « C’est très bizarre parce que j’ai envie de revoir mes amis et de sortir, mais, lorsque l’on me propose quelque chose, je refuse. Ça me fait sortir de ma zone de confort que j’ai adoptée depuis plus d’un an maintenant « , confie-t-elle à La Libre.
Le ‘syndrome de la cabane’ : une phobie sociale d’après confinement ?
« Le syndrome de la cabane », est un terme utilisé en psychologie pour désigner un retour difficile et angoissant à la vie sociale. La psychologue française Hélène Romano a appelé plus judicieusement cette réaction « syndrome de l’escargot ». Pour la spécialiste, ce symptôme reflète l’envie de rentrer dans une coquille rassurante et de se recroqueviller.
Il faut savoir que le ‘syndrome de la cabane’ n’est pas né dans le contexte de pandémie actuelle. « Cette idée de la peur du retour à la civilisation était déjà présente chez les chercheurs d’or américains qui angoissaient à l’idée de se retrouver avec leur or au contact de nombreuses personnes après des mois d’isolement. Cette crainte était également présente chez les gardiens de phare « , analyse Valérie Sengler, psychanalyste, dans Le Point Santé. Dans le contexte de confinement lié au coronavirus, ce terme a refait surface.
Plusieurs éléments peuvent contribuer à développer ce syndrome. « Il n’existe évidemment pas une cause unique à ces retraits sociaux. C’est une multitude de variables personnelles, antérieures, concomitantes et/ou postérieures au confinement, inhérentes ou indépendantes de l’épidémie, qui contribuent à ce que certains décident de rester cloîtrés chez eux« , explique Evelyne Josse, psychologue, psychothérapeute et psychotraumatologue.
Ce comportement de repli a été observé dans de nombreux pays ayant amorcé leur déconfinement. Dès le début du premier confinement, de nombreux spécialistes de la santé mentale avaient déjà actionné la sonnette d’alarme. Chez une partie de la population, la situation risquait d’engendrer ou d’amplifier des troubles psychologiques.
Différentes gradations
Bien entendu, il existe une hiérarchie dans la sévérité de ces retraits sociaux. Si ressentir une petite appréhension pour aller vers l’extérieur reste un ressenti normal, une peur paralysante de quitter le foyer doit être prise au sérieux. En tout état de cause, les personnes qui restent cloîtrées chez elles sont en détresse psychologique et ont besoin d’être aidées.
Se préparer en douceur au ‘déconfinement mental’
Pendant plusieurs mois, le confinement a contraint notre cerveau à se reprogrammer. Le retour à la vie quotidienne nécessite donc des efforts d’adaptation importants.
Pour reprendre goût à cette liberté retrouvée, il faut y aller sans se brusquer recommande Valérie Sengler.
« Il faut y aller pas à pas. Une fois que la prise de conscience de ce mal-être a eu lieu, il est important de consulter pour mettre en place un cercle vertueux… Il faut avancer par étapes. Un jour, sortez acheter du pain, le lendemain promenez-vous un peu plus loin, puis allez dans un parc avant de prendre les transports et de fréquenter des lieux bondés comme les magasins. Il faut affronter la foule progressivement.«
La sérénité peut aussi s’obtenir en prenant le temps de méditer ou en pratiquant des techniques de respiration apaisantes comme la cohérence cardiaque. Lors de vos sorties, mettez-vous en condition d’auto-hypnose, conseille la psychanalyste. Par exemple, imaginez-vous dans une bulle protectrice. Tout ce qui est bon pour vous, y entre, ce qui est perçu comme nocif vient se cogner aux parois. Demander également à un ami de vous accompagner pour vous rassurer.
(Fabienne van Elmbt – Sources : L’Echo / La Libre / Le Point Santé / Résilence Psy / Le Dauphiné – Image : Pixabay/Free-Photos)